Courrier à l'attention de Monsieur  Jean-Jacques Delaye, Président de la Communauté de Communes du Pays de Chantonnay 

Bournezeau, le 31 décembre 2019

Monsieur le Président,

Nous avons pris connaissance de votre plan Climat Air Energie Territorial dans le magazine INFOS Pays de Chantonnay. Nous sommes contents que la Communauté de Communes du Pays de Chantonnay prenne le danger du réchauffement climatique au sérieux et que vous travailliez sur des mesures concrètes pour y lutter, en améliorant, par exemple, la gestion de l'énergie par le transfert de ressources fossiles vers les renouvelables et en encourageant la réduction de la consommation d’énergie.  Nous saluons aussi vos actions pour garantir une bonne qualité d'air et d'eau dans nos régions.
La lutte contre le réchauffement climatique est une affaire, comme vous le dites si bien, pour nous tous. Vous conseillez donc aux citoyens de pratiquer quelques gestes importants pour une  consommation raisonnable de l'énergie et de l'eau. Nous sommes surpris, pourtant, qu'aucune mention ne soit faite en ce qui concerne la diminution de la consommation de produits d’origine animale, puisque la consommation de viande représente une des sources majeures d'émissions de CO2. Selon le dernier rapport du GIEC http://www.otmed.fr/rapport-sur-le-climat/5eme-rapport-du-giec-tome-1 l’élevage représente 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre .

Source: INFOS Pays de Chantonnay

Produire de la viande demande également une grande quantité d'eau et d'énergie et contribue significativement à la pollution de l’air et de l’eau. L'élevage est un secteur important en Vendée et il est donc responsable d’une grande partie des émissions de polluants. Vous avez identifié, dans un graphique, l'émission, entre autres, de l'Oxyde d'azote (393,9 tonnes par an) et de l'ammoniac (1100,27 tonnes par an) dans le Pays de Chantonnay. Ces quantités ne sont pas insignifiantes. Ce serait donc intéressant de connaître quels secteurs sont responsables de ces émissions, ce qui n'est pas mentionné dans l'INFOS.


Image de l'article dans le New York Times "Substances Visqueuses Toxiques, Oiseaux Morts, Une Carte Supprimée: Les Sales Secrets des Subventions Aux Fermes Européennes.  (Killer Slime, Dead Birds, an Expunged Map: The Dirty Secrets of European Farm Subsidies)

dans lequel les auteurs enquêtent sur les rapports entre la pollution et les subventions accordées aux fermes européennes, on voit sur une carte de l’Europe que la France, et spécifiquement la Vendée, est mauvaise élève en ce qui concerne la pollution des cours d’eau par des nitrates qui s’infiltrent des fermes à proximité, et en fait, pour tous les pays européens, une concordance parfaite se révèle entre subventions aux fermiers et niveaux élevés de pollution.

La réduction  de la consommation de produits d’origine animale serait non seulement meilleure  pour notre le climat, notre environnement, la biodiversité et les animaux, mais aussi pour notre santé. Il y a des preuves concluantes que la surconsommation de viande est en cause pour beaucoup de problèmes de santé et ainsi contribue à l’augmentation du coût pour la sécurité sociale des soins médicaux.

La France en général a besoin de prendre des mesures concrètes pour réduire les émissions de CO2 et de méthane, spécifiquement responsables du changement climatique, et nous supposons que la Vendée et la ComCom du Pays de Chantonnay veulent jouer leur rôle. Qu’un secteur économique particulier soit une activité importante pour la région ne justifie pourtant pas de l’exonérer quand il est fortement impliqué dans le changement climatique, la pollution de l’eau et la perte de la biodiversité. Il est primordial d’agir maintenant plutôt que de continuer à former des gens pour une profession qui emploie de moins en moins de personnel. Il faut arrêter de gaspiller de l’argent et des ressources en les injectant dans un secteur en régression. On est déjà choqué et horrifié à l’idée d’investir dans l’énergie fossile, puisqu’il est évident qu’elle n’a plus d’avenir. Il faut reconnaître qu’il en est de même du secteur de l’élevage.

Quelles mesures envisagez-vous pour réduire la consommation de viande et comment pensez-vous aider les fermiers à se convertir vers une agriculture durable qui privilégie la production d’aliments d’origine végétale ?
Puisque planter des arbres est une bonne méthode pour débarrasser l’atmosphère d’un excès de carbone, est-ce que vous envisagez de faire planter des arbres dans les espaces publics et sur d’anciennes fermes ?
Nous joignons à cette lettre le lien à notre participation au Grand Débat National. Nous y expliquons en plus de détail notre point de vue :


Minuit a déjà sonné pour l’avenir de notre planète et pour l’espèce humaine. Si l’on continue à tergiverser, on court vers notre perte. Il faut le courage de changer, tout de suite et radicalement, nos méthodes et nos mentalités.  Pourquoi la Communauté de Communes ne serait-elle pas pionnière en aidant les fermiers à changer leurs méthodes et la nature de leurs produits pour avancer vers une production véritablement durable ?

Je vous prie d’accepter l’expression de nos sentiments les plus respectueux et nos meilleurs vœux pour l’année 2020.



Marit de Haan
Présidente de Nos Amis Les Animaux 85480 et de Forests From Farms

Cette lettre vous a été envoyée dans le cadre de la campagne SHE Vendée (cela veut dire  « Sustainable and Healthy Eating »,  en français « Manger durable et saine ») une initiative des associations Nala85480 et Forests From Farms, toutes les deux situées dans le Pays de Chantonnay.