A l'attention du Président de la République

Monsieur Emmanuel Macron

Palais de l'Élysée

55 rue du Faubourg-Saint-Honoré

75008 Paris

France

A Bournezeau, le 25 mai 2022



Cher Président Macron,
Depuis plus de deux ans, le monde souffre d'une épidémie causée par une zoonose. Nous savons que l'élevage augmente le risque qu'une maladie franchisse la barrière des espèces, de l'animal à l'homme. Nous savons aussi qu'il est une source importante d'émissions de gaz à effet de serre.

Le changement climatique est de plus en plus perceptible et ses effets se font sentir dans le monde entier. Non seulement directement dans les régions où les conditions météorologiques sont plus extrêmes, mais aussi indirectement dans le monde entier, car le changement climatique affecte la production de denrées alimentaires. Les dégâts causés aux cultures sont exacerbés par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a gravement affecté la production agricole dans ce pays. Chacun peut constater par lui-même l'augmentation du prix des denrées alimentaires de base qui en résulte, voire la pénurie de certaines d'entre elles.

Actuellement, la France et de nombreux pays souffrent de l'épidémie quasi-annuelle de grippe aviaire. Comme les années précédentes, des millions d'oiseaux vont être tués et des millions d'euros des contribuables vont être distribués à l'industrie. Est-ce une bonne chose à faire ?

Nous savons que la culture de plantes destinées à nourrir les animaux est un gaspillage de ressources : on récupère toujours moins de nourriture que celle qu'on leur en donne. En période de pénurie, il est moralement odieux que les pays riches gaspillent la nourriture de cette manière. C'est également une question de sécurité nationale. La famine entraîne la migration. L'Europe est déjà sous pression et a du mal à faire face à l'immigration. La situation ne fera qu'empirer, car le gaspillage des récoltes au profit de l'élevage de bétail provoque des pénuries dans les pays pauvres.

Les perspectives à long terme de l'industrie de l'élevage sont sombres. Tout comme les industries des combustibles fossiles, il n'y a pas d'avenir significatif. Les consommateurs votent avec leur porte-monnaie, en réduisant leur consommation de produits animaux. Cela n'a aucun sens de donner de l'argent aux agriculteurs pour qu'ils recommencent à zéro, en ne rien changeant, en espérant qu'un vaccin apportera peut-être une solution, car les problèmes fondamentaux ne sont pas abordés. L'argent investi risque de devenir un actif échoué.

Les Pays-Bas ont vu la lumière. Ils ont reconnu que la production de bétail doit être réduite. Au lieu de maintenir le statu quo, ils encouragent les agriculteurs à réduire le nombre d'animaux qu'ils élèvent et les aident à se reconvertir dans d'autres secteurs. N'est-il pas temps que la France fasse de même?

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations distinguées,

Nigel Franks